Modélisation du Transport de Charge dans un Semi-conducteur
Contexte : L'équilibre délicat au cœur de l'électronique.
Le fonctionnement de tous les composants électroniques modernes, des diodes aux transistors, repose sur la maîtrise du mouvement des porteurs de charge (électrons et trous) dans les matériaux semi-conducteurs. Ce transport est gouverné par deux mécanismes fondamentaux issus de la thermodynamique des processus irréversibles : le courant de dériveMouvement des porteurs de charge dû à l'application d'un champ électrique. Les électrons (négatifs) se déplacent dans le sens opposé au champ., causé par un champ électrique, et le courant de diffusionMouvement des porteurs de charge des zones de haute concentration vers les zones de basse concentration, tendant à homogénéiser le système. C'est une conséquence directe du second principe de la thermodynamique., causé par un gradient de concentration. À l'équilibre, dans une jonction P-N par exemple, ces deux courants s'annulent parfaitement, créant une zone de déplétion stable. Cet exercice explore cet équilibre fondamental.
Remarque Pédagogique : Cet exercice est une application directe des concepts de flux et de forces généralisées. Le gradient de potentiel électrochimique agit comme une "force" qui génère un "flux" de particules (le courant électrique). Nous allons décomposer cette force en une partie électrique (dérive) et une partie chimique (diffusion) pour analyser une situation d'équilibre (flux net nul), qui est la base de la physique des semi-conducteurs.
Objectifs Pédagogiques
- Calculer un courant de diffusion à partir d'un gradient de concentration de porteurs.
- Déterminer le champ électrique interne ("champ bâti") nécessaire pour atteindre l'équilibre.
- Calculer le courant de dérive qui compense exactement le courant de diffusion.
- Appliquer et vérifier la relation d'Einstein qui lie la mobilité et le coefficient de diffusion.
- Comprendre l'origine thermodynamique de l'équilibre dans une jonction semi-conductrice.
Données de l'étude
Schéma : Gradient de concentration et courants
Paramètre | Symbole | Valeur | Unité |
---|---|---|---|
Charge élémentaire | \(q\) | \(1.602 \times 10^{-19}\) | \(\text{C}\) |
Mobilité des électrons (Si) | \(\mu_n\) | 1400 | \(\text{cm}^2/(\text{V} \cdot \text{s})\) |
Gradient de concentration | \(dn/dx\) | \(-1 \times 10^{21}\) | \(\text{cm}^{-4}\) |
Concentration en \(x_0\) | \(n(x_0)\) | \(1 \times 10^{17}\) | \(\text{cm}^{-3}\) |
Constante de Boltzmann | \(k_B\) | \(1.38 \times 10^{-23}\) | \(\text{J}/\text{K}\) |
Température | \(T\) | 300 | \(\text{K}\) |
Questions à traiter
- En l'absence de champ électrique (\(E=0\)), calculer la densité de courant de diffusion des électrons \(J_{n, \text{diff}}\).
- Calculer le coefficient de diffusion des électrons \(D_n\) en utilisant la relation d'Einstein.
- Déterminer le champ électrique \(E(x_0)\) qui doit exister pour que le courant total soit nul (\(J_n = 0\)), c'est-à-dire à l'équilibre thermodynamique.
- Calculer la densité de courant de dérive \(J_{n, \text{dérive}}\) sous l'effet de ce champ électrique et vérifier qu'elle compense bien la densité de courant de diffusion.
Les bases du Transport dans les Semi-conducteurs
Avant la correction, revoyons les deux mécanismes de transport de charge.
1. Le Courant de Dérive :
En présence d'un champ électrique \(\vec{E}\), les électrons subissent une force \(\vec{F} = -q\vec{E}\) qui les accélère. Les collisions avec le réseau cristallin créent une friction, menant à une vitesse moyenne constante, la vitesse de dérive \(\vec{v}_n = -\mu_n \vec{E}\). Le flux de charge résultant est le courant de dérive, proportionnel au champ et à la concentration d'électrons : \(J_{n, \text{dérive}} = q n \mu_n E\).
2. Le Courant de Diffusion :
Même sans champ électrique, s'il existe un gradient de concentration (\(dn/dx \neq 0\)), l'agitation thermique provoque un mouvement net des électrons des zones de haute concentration vers les zones de basse concentration. Ce phénomène, purement entropique, crée un courant de diffusion : \(J_{n, \text{diffusion}} = q D_n (dn/dx)\).
3. La Relation d'Einstein :
La dérive et la diffusion ne sont pas indépendantes. Elles sont deux facettes de la réponse des porteurs de charge aux forces et à l'agitation thermique. La relation d'Einstein les connecte de manière fondamentale :
\[ \frac{D_n}{\mu_n} = \frac{k_B T}{q} \]
Le terme \(k_B T / q\) est appelé la tension thermique \(V_T\), et vaut environ \(25.9 \, \text{mV}\) à 300 K.
Correction : Transport de Charge dans un Semi-conducteur
Question 1 : Calculer le coefficient de diffusion \(D_n\)
Principe (le concept physique)
Le coefficient de diffusion \(D_n\) quantifie la facilité avec laquelle les électrons se diffusent en réponse à un gradient de concentration. Il n'est pas une constante fondamentale mais dépend du matériau et de la température. La relation d'Einstein nous permet de le calculer si nous connaissons la mobilité des porteurs, car les deux phénomènes (mobilité et diffusion) sont liés à la même cause sous-jacente : les interactions des porteurs avec le réseau cristallin (phonons) et les impuretés.
Mini-Cours (approfondissement théorique)
La relation d'Einstein est un exemple de théorème fluctuation-dissipation. La mobilité \(\mu_n\) caractérise la réponse à une perturbation externe (le champ E), un processus dissipatif. Le coefficient de diffusion \(D_n\) caractérise l'amplitude des fluctuations (le mouvement brownien) en l'absence de champ. Le théorème stipule que la réponse à une petite perturbation est liée aux fluctuations du système à l'équilibre, le lien étant la température \(T\).
Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)
Pensez à la relation d'Einstein comme à un "taux de change" entre deux monnaies du transport : la réponse à un champ électrique (\(\mu_n\)) et la réponse à un gradient de concentration (\(D_n\)). La température \(T\) fixe ce taux de change. Plus il fait chaud, plus la diffusion est "efficace" par rapport à la mobilité.
Normes (la référence réglementaire)
Les valeurs de mobilité pour les semi-conducteurs comme le Silicium sont des données standardisées dans l'industrie microélectronique. Elles sont mesurées expérimentalement (par ex. par effet Hall) et dépendent fortement du dopage et de la température. Les modèles utilisés dans les simulateurs de composants (TCAD) s'appuient sur ces données empiriques.
Formule(s) (l'outil mathématique)
La relation d'Einstein :
Hypothèses (le cadre du calcul)
On suppose que le semi-conducteur n'est pas "dégénéré" (le dopage n'est pas si élevé que le principe d'exclusion de Pauli modifie la statistique) et que les porteurs sont en équilibre thermique avec le réseau cristallin, ce qui est généralement le cas pour des champs électriques faibles.
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
- Mobilité des électrons, \(\mu_n = 1400 \, \text{cm}^2/(\text{V} \cdot \text{s})\)
- Constante de Boltzmann, \(k_B = 1.38 \times 10^{-23} \, \text{J}/\text{K}\)
- Température, \(T = 300 \, \text{K}\)
- Charge élémentaire, \(q = 1.602 \times 10^{-19} \, \text{C}\)
Astuces(Pour aller plus vite)
Le terme \(k_B T / q\) est la tension thermique \(V_T\). À 300 K, \(V_T \approx 0.0259 \, \text{V}\). Le calcul devient alors un simple produit : \(D_n = \mu_n \times V_T\). C'est un calcul que tout ingénieur en électronique fait de tête.
Schéma (Avant les calculs)
Le Pont entre Dérive et Diffusion
Calcul(s) (l'application numérique)
1. Calculer la tension thermique \(V_T\):
2. Calculer \(D_n\). Attention, la mobilité est en \(\text{cm}^2\), donc \(D_n\) sera en \(\text{cm}^2/\text{s}\).
Schéma (Après les calculs)
Valeur Calculée du Coefficient de Diffusion
Réflexions (l'interprétation du résultat)
Une valeur de \(36.2 \, \text{cm}^2/\text{s}\) signifie qu'en une seconde, le "carré" de la distance de diffusion typique d'un électron est de 36.2 cm². Cette valeur est cruciale pour déterminer la vitesse à laquelle les charges s'équilibrent ou répondent à un changement, influençant directement la vitesse de commutation des transistors.
Points de vigilance (les erreurs à éviter)
L'erreur la plus fréquente est la gestion des unités. La microélectronique utilise un mélange d'unités (cm, V, s). Il faut être très rigoureux. Ici, en utilisant \(\mu_n\) en \(\text{cm}^2/(\text{V} \cdot \text{s})\) et \(V_T\) en V, on obtient directement \(D_n\) en \(\text{cm}^2/\text{s}\), ce qui est l'unité standard pour ce coefficient.
Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
- La dérive et la diffusion sont liées par la relation d'Einstein.
- Le facteur de conversion est la tension thermique \(V_T = k_B T / q\).
- À 300 K, \(V_T \approx 26 \, \text{mV}\).
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
Dans les dispositifs réels, la mobilité n'est pas constante. Elle diminue avec l'augmentation du dopage (plus d'impuretés créent plus de collisions) et avec l'augmentation du champ électrique (les électrons "saturent" en vitesse). Les modèles TCAD avancés utilisent des formules très complexes pour décrire ces variations.
FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)
Quelle serait la valeur de \(D_n\) (en \(\text{cm}^2/\text{s}\)) si la température était de 400 K ?
Question 2 : Calculer la densité de courant de diffusion \(J_{n, \text{diff}}\)
Principe (le concept physique)
Le courant de diffusion est la réponse du système à une hétérogénéité, ici un gradient de concentration. Conformément au second principe de la thermodynamique, le système tend spontanément à augmenter son entropie en homogénéisant la concentration des électrons. Ce mouvement de particules chargées constitue un courant électrique, même en l'absence de champ électrique externe.
Mini-Cours (approfondissement théorique)
L'équation \(J_{n, \text{diff}} = q D_n (dn/dx)\) est un exemple de la loi de Fick, qui stipule qu'un flux de particules est proportionnel au gradient de leur concentration. Le facteur de proportionnalité est le coefficient de diffusion \(D_n\). Le terme \(q\) est ajouté pour convertir le flux de particules en un flux de charge (densité de courant).
Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)
Imaginez une goutte d'encre dans un verre d'eau. L'encre se répand d'elle-même, des zones concentrées vers les zones claires. C'est la diffusion. Si les particules d'encre étaient chargées, ce mouvement créerait un courant électrique. Le signe du gradient est crucial : ici \(dn/dx\) est négatif (la concentration diminue avec x), donc le courant de diffusion sera aussi négatif, indiquant un flux d'électrons (charge négative) dans la direction des x positifs.
Normes (la référence réglementaire)
Le calcul des courants de diffusion est une étape standard dans la modélisation de tous les dispositifs à semi-conducteurs, des diodes aux cellules solaires. Les équations de transport (dérive-diffusion) sont au cœur des logiciels de simulation qui permettent de concevoir et d'optimiser ces composants avant leur fabrication.
Formule(s) (l'outil mathématique)
La formule du courant de diffusion des électrons :
Hypothèses (le cadre du calcul)
On suppose que le gradient est constant au point d'intérêt et que le coefficient de diffusion \(D_n\) ne dépend pas de la concentration (ce qui est une bonne approximation pour un dopage non-dégénéré).
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
- Charge élémentaire, \(q = 1.602 \times 10^{-19} \, \text{C}\)
- Coefficient de diffusion, \(D_n \approx 36.2 \, \text{cm}^2/\text{s}\) (calculé en Q1)
- Gradient de concentration, \(dn/dx = -1 \times 10^{21} \, \text{cm}^{-4}\)
Astuces(Pour aller plus vite)
La principale difficulté ici est la cohérence des unités. Toutes les données sont en cm. Le résultat sera donc en \(\text{A}/\text{cm}^2\), l'unité standard pour la densité de courant en microélectronique. Vérifiez les puissances de 10 : \(10^{-19} \times 10^1 \times 10^{21} = 10^3\). L'ordre de grandeur du résultat devrait être de quelques milliers d'A/cm².
Schéma (Avant les calculs)
Le Gradient comme Moteur de la Diffusion
Calcul(s) (l'application numérique)
On applique directement la formule :
Schéma (Après les calculs)
Courant de Diffusion Résultant
Réflexions (l'interprétation du résultat)
Une densité de courant de \(-5800 \, \text{A}/\text{cm}^2\) est une valeur très élevée. Le signe négatif est crucial : il indique que le courant conventionnel (le flux de charge positive) va dans la direction des x négatifs. C'est logique : les électrons (charge négative) se déplacent vers la droite (x croissants), donc le courant conventionnel va vers la gauche (x décroissants).
Points de vigilance (les erreurs à éviter)
Attention au signe ! Le courant de diffusion des électrons a le même signe que le gradient \(dn/dx\). Pour les trous, le courant de diffusion est \(J_{p, \text{diff}} = -q D_p (dp/dx)\), il a le signe opposé du gradient de trous. C'est une source d'erreur fréquente.
Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
- Le courant de diffusion est proportionnel au gradient de concentration.
- Le facteur de proportionnalité est \(q D_n\).
- Le signe du courant dépend du signe de la charge du porteur.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
C'est ce courant de diffusion qui est à l'origine du fonctionnement des cellules solaires. Les photons créent des paires électron-trou près de la jonction. Le gradient de concentration ainsi créé pousse les électrons d'un côté et les trous de l'autre, générant un courant électrique sans qu'il y ait de batterie.
FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)
Si le gradient était deux fois plus faible (\(-0.5 \times 10^{21} \, \text{cm}^{-4}\)), quelle serait la nouvelle densité de courant de diffusion (en \(\text{A}/\text{cm}^2\)) ?
Question 3 : Déterminer le champ électrique d'équilibre \(E(x_0)\)
Principe (le concept physique)
À l'équilibre thermodynamique, il ne peut y avoir de flux net de particules ou d'énergie. Par conséquent, la densité de courant totale doit être nulle en tout point. Puisque le gradient de concentration crée un puissant courant de diffusion, il doit nécessairement apparaître un champ électrique interne qui génère un courant de dérive de même magnitude mais de sens opposé pour l'annuler exactement.
Mini-Cours (approfondissement théorique)
Ce champ électrique interne est appelé "champ bâti" ou "champ de jonction". Il provient de la séparation des charges fixes (ions donneurs ionisés) et des charges mobiles (électrons). La condition \(J_n=0\) implique que le potentiel électrochimique des électrons est constant dans tout le matériau, ce qui est la définition de l'équilibre thermodynamique pour des particules chargées.
Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)
C'est un auto-ajustement. La diffusion commence, sépare les charges, ce qui crée un champ électrique. Ce champ s'oppose à la diffusion. Le processus continue jusqu'à ce que le champ soit juste assez fort pour stopper net le mouvement de diffusion. L'équilibre est atteint. C'est le principe de fonctionnement de la diode à l'équilibre.
Normes (la référence réglementaire)
Le calcul du champ bâti et du potentiel de jonction est une étape fondamentale de la physique des dispositifs, décrite dans tous les manuels de référence comme celui de S.M. Sze. La compréhension de ce champ est indispensable pour modéliser la caractéristique courant-tension d'une diode ou d'un transistor.
Formule(s) (l'outil mathématique)
On part de l'équation du courant total et on la pose égale à zéro :
On isole le champ électrique \(E\):
Hypothèses (le cadre du calcul)
On se place à l'équilibre thermodynamique, ce qui signifie qu'aucun courant externe ne circule et que le système est à une température uniforme. On suppose également que la relation d'Einstein est valide.
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
- Rapport \(D_n/\mu_n = V_T \approx 0.02585 \, \text{V}\) (de Q1)
- Concentration, \(n(x_0) = 1 \times 10^{17} \, \text{cm}^{-3}\)
- Gradient, \(dn/dx = -1 \times 10^{21} \, \text{cm}^{-4}\)
Astuces(Pour aller plus vite)
Le terme \(\frac{1}{n}\frac{dn}{dx}\) peut s'écrire \(\frac{d(\ln n)}{dx}\). La formule devient \(E = -V_T \frac{d(\ln n)}{dx}\). Cela montre que le champ électrique est directement proportionnel au gradient du logarithme de la concentration, une relation très utile.
Schéma (Avant les calculs)
La Balance des Courants à l'Équilibre
Calcul(s) (l'application numérique)
On utilise la formule dérivée. Attention aux unités, tout est en cm.
Schéma (Après les calculs)
Champ Électrique Interne "Bâti"
Réflexions (l'interprétation du résultat)
Un champ de 259 V/cm est un champ modéré mais significatif. Il est dirigé vers la droite (positif), ce qui est logique : il doit exercer une force vers la gauche (\(F=-qE\)) sur les électrons pour contrer leur diffusion vers la droite. Ce champ est créé par les atomes donneurs ionisés (positifs) qui sont "laissés derrière" par les électrons qui diffusent.
Points de vigilance (les erreurs à éviter)
L'erreur la plus courante est de se tromper dans le signe du champ ou de mal interpréter sa direction. Il faut toujours se demander : dans quelle direction le champ doit-il pointer pour s'opposer au mouvement naturel des porteurs ? Pour les électrons, la force est opposée au champ. Pour les trous, la force est dans le même sens que le champ.
Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
- À l'équilibre, le courant total est nul : \(J_{\text{dérive}} + J_{\text{diffusion}} = 0\).
- Cette condition impose l'existence d'un champ électrique interne.
- Ce champ est proportionnel au gradient logarithmique de la concentration.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
L'intégrale de ce champ électrique à travers la jonction donne la "différence de potentiel de jonction" ou "potentiel bâti" \(V_{bi}\). C'est cette barrière de potentiel que les porteurs doivent franchir pour qu'un courant puisse circuler dans une diode polarisée en direct.
FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)
Si le gradient était le même mais pour des trous (\(dp/dx = -10^{21}\)), quel serait le signe du champ électrique d'équilibre ?
Question 4 : Calculer le courant de dérive et vérifier la compensation
Principe (le concept physique)
Cette dernière question est une vérification de cohérence. Ayant calculé le champ électrique nécessaire à l'équilibre, nous allons maintenant calculer le courant de dérive que ce champ produit. Si nos calculs sont corrects, ce courant de dérive doit être exactement l'opposé du courant de diffusion calculé à la première question, prouvant que le courant total est bien nul.
Mini-Cours (approfondissement théorique)
L'équilibre dynamique est un concept central en thermodynamique. Il ne signifie pas que rien ne bouge, mais que les flux opposés se compensent parfaitement. Ici, des électrons continuent de diffuser vers la droite et d'autres continuent d'être ramenés vers la gauche par le champ, mais les deux flux sont macroscopiquement égaux, résultant en un courant net nul et une distribution de concentration stable.
Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)
C'est l'étape finale qui boucle le raisonnement. Nous avons utilisé la condition d'équilibre (\(J=0\)) pour trouver le champ \(E\). Maintenant, nous utilisons ce champ \(E\) pour calculer le courant de dérive et nous assurer qu'il est bien l'opposé du courant de diffusion. C'est une bonne pratique pour vérifier qu'il n'y a pas eu d'erreur de signe ou d'unité en cours de route.
Normes (la référence réglementaire)
La condition de courant nul à l'équilibre est la condition aux limites la plus fondamentale pour résoudre les équations de transport dans les simulateurs de dispositifs lorsque aucune tension externe n'est appliquée.
Formule(s) (l'outil mathématique)
La formule du courant de dérive des électrons :
Hypothèses (le cadre du calcul)
On utilise les valeurs au point \(x_0\) et on suppose que la mobilité \(\mu_n\) est constante, non affectée par le champ électrique calculé (ce qui est vrai pour des champs inférieurs à environ \(10^3 \, \text{V/cm}\) dans le silicium).
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
- Charge élémentaire, \(q = 1.602 \times 10^{-19} \, \text{C}\)
- Mobilité, \(\mu_n = 1400 \, \text{cm}^2/(\text{V} \cdot \text{s})\)
- Concentration, \(n(x_0) = 1 \times 10^{17} \, \text{cm}^{-3}\)
- Champ électrique, \(E(x_0) \approx +258.5 \, \text{V}/\text{cm}\) (de Q3)
Astuces(Pour aller plus vite)
Puisque nous avons trouvé \(E\) en posant \(J_{\text{dérive}} = -J_{\text{diffusion}}\), le résultat de ce calcul doit être \(+5800 \, \text{A}/\text{cm}^2\). C'est plus une vérification qu'un calcul à suspense. Si vous n'obtenez pas cette valeur, c'est qu'une erreur s'est glissée dans les étapes précédentes.
Schéma (Avant les calculs)
Vérification de la Balance
Calcul(s) (l'application numérique)
On applique la formule du courant de dérive :
On vérifie bien que :
Schéma (Après les calculs)
Équilibre Parfait
Réflexions (l'interprétation du résultat)
La compensation est parfaite, ce qui valide l'ensemble de notre raisonnement et de nos calculs. Cela démontre de manière quantitative comment un système hors-équilibre (le gradient de concentration initial) évolue pour générer une force interne (le champ électrique) qui le ramène à un état d'équilibre stationnaire où les flux microscopiques se compensent exactement.
Points de vigilance (les erreurs à éviter)
Assurez-vous d'utiliser la valeur du champ électrique avec son signe correct. Un champ positif (\(E>0\)) pousse les électrons dans la direction négative, créant un courant de dérive positif. Une erreur de signe ici mènerait à un courant qui s'ajoute à la diffusion au lieu de la compenser.
Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
- Le courant de dérive est proportionnel au champ électrique \(E\) et à la concentration \(n\).
- À l'équilibre, le courant de dérive annule exactement le courant de diffusion.
- Cette balance est le principe fondamental des jonctions P-N.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
Lorsqu'on applique une tension externe à une diode (polarisation), on perturbe cet équilibre délicat. Une polarisation "directe" réduit la barrière de potentiel et le champ bâti, permettant au courant de diffusion de l'emporter et de créer un fort courant. Une polarisation "inverse" augmente la barrière, renforçant le champ et bloquant quasi totalement le courant.
FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)
Si la mobilité des électrons était plus faible (\(700 \, \text{cm}^2/(\text{V} \cdot \text{s})\)), le champ électrique d'équilibre serait-il plus grand ou plus petit ?
Outil Interactif : Équilibre Dérive-Diffusion
Modifiez la température et le gradient de concentration pour voir leur influence sur les courants et le champ d'équilibre.
Paramètres d'Entrée
Résultats à l'Équilibre
Le Saviez-Vous ?
Le premier transistor, inventé en 1947 aux Bell Labs par John Bardeen, Walter Brattain et William Shockley, était un transistor "à pointe de contact". La théorie du transport de charge et des jonctions P-N, développée par Shockley peu après, a été cruciale pour passer à des transistors "à jonction" beaucoup plus fiables et reproductibles, ouvrant la voie à la révolution microélectronique.
Foire Aux Questions (FAQ)
Pourquoi la mobilité des trous est-elle plus faible que celle des électrons ?
Le mouvement d'un "trou" est en réalité le mouvement coordonné de nombreux électrons de valence qui se déplacent pour combler une liaison covalente manquante. Ce processus est intrinsèquement moins "fluide" et efficace que le mouvement d'un électron libre dans la bande de conduction. Par conséquent, la masse effective d'un trou est plus grande et sa mobilité plus faible.
L'équation de dérive-diffusion est-elle toujours valable ?
Non. Pour des dispositifs très petits (à l'échelle nanométrique), la distance que peut parcourir un électron avant une collision devient comparable à la taille du composant. Dans ce régime, dit "balistique", les électrons se comportent plus comme des ondes et les équations de dérive-diffusion, basées sur des moyennes statistiques, ne sont plus valides. Il faut alors utiliser des modèles basés sur la mécanique quantique, comme l'équation de Schrödinger.
Quiz Final : Testez vos connaissances
1. Si on augmente la température d'un semi-conducteur, le courant de diffusion pour un même gradient de concentration...
2. Dans une jonction P-N à l'équilibre, le courant de dérive est principalement dû...
- Mobilité (\(\mu\))
- Mesure de la facilité avec laquelle un porteur de charge se déplace dans un matériau sous l'effet d'un champ électrique. Unité : \(\text{cm}^2/(\text{V} \cdot \text{s})\).
- Coefficient de Diffusion (\(D\))
- Mesure de la facilité avec laquelle un porteur de charge se déplace en réponse à un gradient de concentration. Unité : \(\text{cm}^2/\text{s}\).
- Jonction P-N
- Interface fondamentale entre une région de semi-conducteur dopée de type P (riche en trous) et une région de type N (riche en électrons). C'est la brique de base des diodes et transistors.
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