ÉTUDE THERMODYNAMIQUE

Thermodynamique de la Croissance Cristalline

Thermodynamique de la Croissance Cristalline

Thermodynamique de la Croissance Cristalline

Contexte : De l'atome au cristal, une question d'énergie.

La formation d'un cristal à partir d'un liquide ou d'une vapeur, comme la formation de la glace à partir de l'eau ou la croissance de cristaux de silicium pour l'électronique, est un processus thermodynamique fondamental. Ce n'est pas un événement instantané ; il commence par la nucléationProcessus par lequel des atomes ou des molécules dans un état métastable (liquide surfondu, vapeur sursaturée) s'assemblent pour former un petit germe stable de la nouvelle phase (solide)., la naissance de minuscules germes cristallins. La Théorie Classique de la NucléationModèle thermodynamique qui décrit la formation d'un noyau cristallin comme une compétition entre le gain d'énergie volumique (favorable) et le coût énergétique de création d'une nouvelle surface (défavorable). nous explique qu'il existe une taille critique pour ces germes. En dessous de cette taille, ils sont instables et se redissolvent ; au-dessus, ils sont stables et peuvent croître pour former un cristal macroscopique. Cet exercice explore la thermodynamique de ce processus critique.

Remarque Pédagogique : Cet exercice illustre une compétition fascinante entre deux termes énergétiques : un terme de volume, qui favorise la solidification (car le solide est plus stable), et un terme de surface, qui la défavorise (car créer une interface a un coût énergétique). Nous allons calculer la variation d'énergie libre de Gibbs, identifier la barrière énergétique à la nucléation et déterminer la taille critique du noyau, des concepts essentiels en science des matériaux et en métallurgie.


Objectifs Pédagogiques

  • Calculer la variation d'énergie libre volumiqueDifférence d'énergie libre de Gibbs par unité de volume entre la phase liquide et la phase solide. C'est la "force motrice" de la solidification. Elle est négative en dessous de la température de fusion. (\(\Delta G_v\)) pour une transition de phase.
  • Appliquer la Théorie Classique de la Nucléation pour exprimer la variation d'énergie libre totale (\(\Delta G\)) lors de la formation d'un germe.
  • Déterminer la taille critique du noyau (\(r^*\)) et la barrière d'énergie à la nucléation (\(\Delta G^*\)).
  • Calculer la production d'entropie associée à la solidification irréversible d'un liquide surfondu.

Données de l'étude

On étudie la solidification de l'eau pure (\(H_2O\)). De l'eau liquide est refroidie lentement jusqu'à une température \(T\) inférieure à sa température de fusion, \(T_f\), sans qu'elle ne gèle. Cet état est appelé surfusionÉtat métastable d'un liquide qui reste à l'état liquide en dessous de sa température de fusion normale. Cet état est instable et la moindre perturbation peut déclencher une solidification rapide.. Dans ce liquide surfondu, un petit germe sphérique de glace de rayon \(r\) se forme. On cherche à déterminer les conditions pour que ce germe soit stable et puisse croître.

Schéma de la Nucléation Homogène
Eau liquide surfondue (T < T_f) Glace r
Paramètre Symbole Valeur Unité
Température de fusion de l'eau \(T_f\) 273.15 \(\text{K}\)
Température de surfusion \(T\) 263.15 \(\text{K}\)
Enthalpie latente de fusion \(\Delta H_f\) -334 \(\text{kJ} \cdot \text{kg}^{-1}\)
Masse volumique de la glace \(\rho_{\text{solide}}\) 917 \(\text{kg} \cdot \text{m}^{-3}\)
Énergie d'interface solide-liquide \(\gamma_{sl}\) 0.072 \(\text{J} \cdot \text{m}^{-2}\)

Questions à traiter

  1. Calculer la variation d'énergie libre volumique \(\Delta G_v\) pour la transition de l'eau liquide à la glace à la température de surfusion \(T\).
  2. Déterminer la taille critique du noyau de glace \(r^*\) et la barrière énergétique à la nucléation \(\Delta G^*\).
  3. Calculer la production d'entropie par unité de volume, \(\sigma_S\), lors de la solidification irréversible à la température \(T\).

Les bases de la Théorie de la Nucléation

Avant la correction, revoyons les concepts énergétiques qui gouvernent la formation d'une nouvelle phase.

1. Énergie Libre de Gibbs (G) :
En thermodynamique, un processus est spontané à température et pression constantes s'il diminue l'énergie libre de Gibbs du système (\(\Delta G < 0\)). Pour une transition de phase, la phase la plus stable est celle avec le G le plus faible. En dessous de \(T_f\), le solide a une énergie libre plus faible que le liquide, ce qui rend la solidification thermodynamiquement favorable.

2. Compétition Volume vs. Surface :
La formation d'un germe solide sphérique de rayon \(r\) implique deux contributions à la variation d'énergie libre totale \(\Delta G\):

  • Un terme volumique favorable : \(\Delta G_{\text{volume}} = \frac{4}{3}\pi r^3 \Delta G_v\). Comme \(\Delta G_v < 0\), ce terme est négatif et favorise la croissance.
  • Un terme de surface défavorable : \(\Delta G_{\text{surface}} = 4\pi r^2 \gamma_{sl}\). Créer une interface a un coût énergétique (\(\gamma_{sl} > 0\)), ce terme est donc positif et s'oppose à la formation du germe.
L'énergie totale est donc : \( \Delta G(r) = \frac{4}{3}\pi r^3 \Delta G_v + 4\pi r^2 \gamma_{sl} \)

3. Barrière de Nucléation et Rayon Critique :
La compétition entre ces deux termes crée une barrière d'énergie. Pour de petits \(r\), le terme de surface (\(\propto r^2\)) domine et \(\Delta G\) augmente. Pour de grands \(r\), le terme de volume (\(\propto r^3\)) domine et \(\Delta G\) diminue. Le maximum de la courbe \(\Delta G(r)\) correspond à la barrière d'énergie \(\Delta G^*\) et se produit au rayon critique \(r^*\). Un germe avec \(r < r^*\) est instable, un germe avec \(r > r^*\) est stable et va croître.


Correction : Thermodynamique de la Croissance Cristalline

Question 1 : Calculer la variation d'énergie libre volumique (\(\Delta G_v\))

Principe (le concept physique)

L'énergie libre de Gibbs volumique, \(\Delta G_v\), est la force motrice de la solidification. Elle représente le gain d'énergie par unité de volume que le système obtient en transformant le liquide métastable en solide stable à la température de surfusion \(T\). À la température de fusion \(T_f\), les deux phases sont en équilibre et \(\Delta G_v = 0\). En dessous de \(T_f\), le solide devient plus stable, et \(\Delta G_v\) devient négatif, créant une "pression" pour la solidification.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

La relation fondamentale de Gibbs-Duhem nous donne \(dG = VdP - SdT\). À pression constante, \(dG = -SdT\). En intégrant cette relation pour les phases liquide et solide, on obtient la variation d'énergie libre en fonction de la température. Une approximation très courante et généralement valide pour de faibles surfusions (\(T \approx T_f\)) est de considérer que la variation d'enthalpie \(\Delta H_f\) et d'entropie \(\Delta S_f\) ne varient pas avec la température.

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Pensez à \(\Delta G_v\) comme à une pente. À \(T_f\), le terrain est plat. Quand on refroidit, on incline le terrain, et la phase liquide se retrouve "en haut d'une colline" par rapport à la phase solide. \(\Delta G_v\) mesure cette pente. Plus on refroidit (plus la surfusion \(\Delta T = T_f - T\) est grande), plus la pente est raide et plus la "force" qui pousse à la solidification est grande.

Normes (la référence réglementaire)

Les données thermodynamiques comme l'enthalpie de fusion et la température de fusion sont des propriétés des matériaux standardisées et tabulées. Des organismes comme le CODATA (Committee on Data for Science and Technology) fournissent des valeurs recommandées internationalement pour ces constantes fondamentales afin d'assurer la cohérence des calculs scientifiques et techniques.

Formule(s) (l'outil mathématique)

À la température de fusion, \(\Delta G_f = \Delta H_f - T_f \Delta S_f = 0\), ce qui donne \(\Delta S_f = \Delta H_f / T_f\). Pour une température \(T \neq T_f\), l'approximation est :

\[ \Delta G(T) \approx \Delta H_f - T \Delta S_f = \Delta H_f - T \frac{\Delta H_f}{T_f} = \Delta H_f \frac{T_f-T}{T_f} \]

Ceci donne l'énergie libre par unité de masse. Pour l'obtenir par unité de volume, on multiplie par la masse volumique du solide :

\[ \Delta G_v \approx \frac{\Delta H_f \rho_{\text{solide}}}{T_f} (T_f - T) \]
Hypothèses (le cadre du calcul)

On suppose que l'enthalpie de fusion \(\Delta H_f\) et l'entropie de fusion \(\Delta S_f\) sont indépendantes de la température dans l'intervalle \([T, T_f]\). C'est une bonne approximation pour une faible surfusion.

Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • \(\Delta H_f = -334 \, \text{kJ} \cdot \text{kg}^{-1} = -334 \times 10^3 \, \text{J} \cdot \text{kg}^{-1}\)
  • \(\rho_{\text{solide}} = 917 \, \text{kg} \cdot \text{m}^{-3}\)
  • \(T_f = 273.15 \, \text{K}\)
  • \(T = 263.15 \, \text{K}\) \(\Rightarrow\) \(T_f-T = 10 \, \text{K}\)
Astuces(Pour aller plus vite)

Attention aux unités ! L'enthalpie est souvent donnée en kJ/kg ou kJ/mol. Il est impératif de tout convertir en unités SI de base (Joules, mètres, Kelvin, kilogrammes) avant de commencer le calcul pour éviter des erreurs d'un facteur 1000.

Schéma (Avant les calculs)
Énergie Libre en fonction de la Température
LiquideSolideT_fTΔG_v < 0
Calcul(s) (l'application numérique)
\[ \begin{aligned} \Delta G_v &\approx \frac{(-334 \times 10^3 \, \text{J/kg}) \times (917 \, \text{kg/m}^3)}{273.15 \, \text{K}} \times (10 \, \text{K}) \\ &\approx \frac{-3.062 \times 10^8}{273.15} \times 10 \, \frac{\text{J}}{\text{m}^3} \\ &\approx -1.121 \times 10^6 \times 10 \, \frac{\text{J}}{\text{m}^3} \\ &\approx -1.121 \times 10^7 \, \text{J} \cdot \text{m}^{-3} \end{aligned} \]
Schéma (Après les calculs)
Force Motrice de Solidification
LiquideSolideΔG_v ≈ -11.2 MJ/m³
Réflexions (l'interprétation du résultat)

La force motrice pour la solidification est de -11.2 Mégajoules par mètre cube. Le signe négatif confirme que la transition est thermodynamiquement favorable. Cette valeur représente l'énergie qui sera libérée si un mètre cube d'eau surfondue se transforme en glace.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

L'erreur la plus courante est une erreur de signe. L'enthalpie de fusion (solide \(\rightarrow\) liquide) est positive. Par conséquent, l'enthalpie de solidification (liquide \(\rightarrow\) solide) est négative. Assurez-vous d'utiliser la bonne valeur (\(\Delta H_f < 0\)) pour obtenir un \(\Delta G_v\) négatif.

Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
  • La force motrice de la solidification est la variation d'énergie libre volumique \(\Delta G_v\).
  • Elle est nulle à la température de fusion et négative en dessous.
  • Elle est proportionnelle à la surfusion \(\Delta T = T_f - T\).
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)

La surfusion est un phénomène crucial en météorologie pour la formation des nuages et des précipitations. Les gouttelettes d'eau dans les nuages peuvent rester liquides jusqu'à -40°C ! La congélation est alors initiée par des "noyaux de congélation" (poussières, pollen, cristaux de glace existants), un processus appelé nucléation hétérogène, qui est beaucoup plus facile que la nucléation homogène que nous étudions ici.

FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
La variation d'énergie libre volumique est \(\Delta G_v \approx -1.121 \times 10^7 \, \text{J} \cdot \text{m}^{-3}\).
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)

Si la surfusion était deux fois plus faible (\(\Delta T = 5 \, \text{K}\)), quelle serait la nouvelle valeur de \(\Delta G_v\) en \(10^7 \, \text{J} \cdot \text{m}^{-3}\) ?

Question 2 : Déterminer le rayon critique (\(r^*\)) et la barrière d'énergie (\(\Delta G^*\))

Principe (le concept physique)

La formation d'un noyau stable est le résultat d'une compétition. Le gain d'énergie volumique (\(\propto r^3\)) pousse à la croissance, tandis que le coût de l'énergie de surface (\(\propto r^2\)) s'y oppose. Pour les petits rayons, la surface domine et le noyau est instable. Il existe un rayon critique, \(r^*\), où ces deux effets s'équilibrent. Au-delà de ce rayon, le gain volumique l'emporte et le noyau peut croître librement. La valeur de l'énergie à ce point, \(\Delta G^*\), représente la barrière énergétique que le système doit franchir pour qu'une nucléation stable se produise.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

Pour trouver le maximum de la fonction \(\Delta G(r)\), on la dérive par rapport à \(r\) et on cherche la valeur de \(r\) qui annule la dérivée. \[ \frac{d(\Delta G)}{dr} = \frac{d}{dr} \left( \frac{4}{3}\pi r^3 \Delta G_v + 4\pi r^2 \gamma_{sl} \right) = 4\pi r^2 \Delta G_v + 8\pi r \gamma_{sl} \] En posant \(d(\Delta G)/dr = 0\) pour \(r=r^*\), on trouve \(r^*\). En réinjectant cette valeur dans l'expression de \(\Delta G(r)\), on obtient \(\Delta G^*\).

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Visualisez la courbe de \(\Delta G(r)\) comme une colline. Le système est au pied de la colline (\(r=0\)). Pour former un cristal stable, il doit "grimper" cette colline énergétique. \(r^*\) est la position du sommet, et \(\Delta G^*\) est sa hauteur. Les fluctuations thermiques fournissent l'énergie nécessaire pour franchir cette barrière. Plus la barrière est haute, plus le processus de nucléation est rare et lent.

Normes (la référence réglementaire)

La mesure de l'énergie d'interface (\(\gamma_{sl}\)) est complexe et fait l'objet de recherches avancées. Des techniques comme la microscopie à force atomique (AFM) ou des simulations de dynamique moléculaire sont utilisées. Les valeurs sont répertoriées dans des bases de données spécialisées en science des surfaces, comme la base de données Surface Tension de la DECHEMA en Allemagne.

Formule(s) (l'outil mathématique)

En annulant la dérivée de \(\Delta G(r)\), on obtient :

\[ r^* = -\frac{2\gamma_{sl}}{\Delta G_v} \]

En substituant \(r^*\) dans l'expression de \(\Delta G(r)\), on trouve :

\[ \Delta G^* = \frac{16\pi}{3} \frac{\gamma_{sl}^3}{(\Delta G_v)^2} \]
Hypothèses (le cadre du calcul)

On suppose que le noyau est parfaitement sphérique et que l'énergie d'interface \(\gamma_{sl}\) est isotrope (la même dans toutes les directions). On utilise la valeur de \(\Delta G_v\) calculée à la question précédente.

Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • \(\Delta G_v \approx -1.121 \times 10^7 \, \text{J} \cdot \text{m}^{-3}\) (du calcul Q1)
  • \(\gamma_{sl} = 0.072 \, \text{J} \cdot \text{m}^{-2}\)
Astuces(Pour aller plus vite)

Le rayon critique est inversement proportionnel à la surfusion (\(r^* \propto 1/\Delta T\)), et la barrière d'énergie est inversement proportionnelle au carré de la surfusion (\(\Delta G^* \propto 1/(\Delta T)^2\)). Cela signifie qu'en refroidissant davantage, on diminue drastiquement la taille critique et la barrière, ce qui rend la nucléation beaucoup plus probable.

Schéma (Avant les calculs)
Barrière d'Énergie de Nucléation
rΔGr* = ?ΔG* = ?
Calcul(s) (l'application numérique)

1. Calcul du rayon critique \(r^*\):

\[ \begin{aligned} r^* &= -\frac{2 \times 0.072 \, \text{J} \cdot \text{m}^{-2}}{-1.121 \times 10^7 \, \text{J} \cdot \text{m}^{-3}} \\ &= \frac{0.144}{1.121 \times 10^7} \, \text{m} \\ &\approx 1.28 \times 10^{-8} \, \text{m} \\ &= 12.8 \, \text{nm} \end{aligned} \]

2. Calcul de la barrière d'énergie \(\Delta G^*\):

\[ \begin{aligned} \Delta G^* &= \frac{16\pi}{3} \frac{(0.072 \, \text{J} \cdot \text{m}^{-2})^3}{(-1.121 \times 10^7 \, \text{J} \cdot \text{m}^{-3})^2} \\ &= \frac{16\pi}{3} \frac{3.732 \times 10^{-4}}{1.257 \times 10^{14}} \, \text{J} \\ &\approx 16.755 \times (2.97 \times 10^{-18}) \, \text{J} \\ &\approx 4.98 \times 10^{-17} \, \text{J} \end{aligned} \]
Schéma (Après les calculs)
Barrière de Nucléation Calculée
rΔGr* ≈ 12.8 nmΔG* ≈ 5e-17 J
Réflexions (l'interprétation du résultat)

Le rayon critique est de l'ordre de quelques dizaines de nanomètres, ce qui correspond à un agrégat de plusieurs milliers de molécules d'eau. La barrière d'énergie, bien que très faible en valeur absolue, est significative par rapport à l'énergie thermique d'une seule molécule (\(k_B T \approx 4 \times 10^{-21}\) J), ce qui explique pourquoi la nucléation homogène est un événement rare qui nécessite une surfusion importante.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

Attention aux puissances dans les formules ! \(\gamma_{sl}\) est au cube et \(\Delta G_v\) est au carré. Une erreur d'exposant conduira à un résultat complètement faux. Vérifiez toujours la cohérence dimensionnelle de vos formules avant d'appliquer les valeurs numériques.

Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
  • La nucléation est contrôlée par une barrière d'énergie \(\Delta G^*\).
  • Le rayon critique \(r^*\) est la taille minimale pour qu'un germe soit stable.
  • \(r^*\) et \(\Delta G^*\) diminuent fortement lorsque la surfusion augmente.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)

En métallurgie, on contrôle la taille des cristaux (les "grains") pour obtenir des propriétés mécaniques spécifiques. Une nucléation rapide (obtenue par un refroidissement rapide ou l'ajout d'agents de nucléation) produit de nombreux petits grains, ce qui rend le métal plus dur et plus résistant. Un refroidissement lent produit de gros grains, rendant le métal plus ductile.

FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
Le rayon critique est \(r^* \approx 12.8 \, \text{nm}\) et la barrière d'énergie est \(\Delta G^* \approx 4.98 \times 10^{-17} \, \text{J}\).
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)

Si la surfusion était doublée (\(\Delta T = 20 \, \text{K}\)), par quel facteur la barrière d'énergie \(\Delta G^*\) serait-elle divisée ?

Question 3 : Calculer la production d'entropie par unité de volume (\(\sigma_S\))

Principe (le concept physique)

La solidification d'un liquide surfondu est un processus irréversible. Le système passe d'un état liquide métastable à un état solide stable, tous deux à la même température \(T\). Au cours de ce processus, la chaleur latente de solidification est libérée. Comme le système global est isolé, cette chaleur doit être absorbée par le système lui-même, mais la transformation étant irréversible, elle génère une augmentation nette de l'entropie de l'univers. Nous calculons cette production d'entropie par unité de volume.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

La production d'entropie pour un processus monotherme (se déroulant à une seule température T) est donnée par la relation de Gouy-Stodola : \(S_{\text{prod}} = -\Delta G / T\). Puisque la solidification à \(T < T_f\) est spontanée, \(\Delta G\) est négatif, et donc \(S_{\text{prod}}\) est positive. Cette formule relie directement la "perte" de potentiel de travail (représentée par \(\Delta G\)) à la création d'irréversibilité (représentée par \(S_{\text{prod}}\)).

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Il peut sembler contre-intuitif que l'entropie augmente lors de la formation d'un cristal ordonné à partir d'un liquide désordonné. La clé est de considérer le système global. La chaleur libérée par la solidification augmente l'agitation thermique et donc l'entropie du système environnant (ou du reste du système lui-même). Cet effet est plus important que la diminution d'entropie due à l'organisation locale, ce qui conduit à une augmentation nette de l'entropie totale.

Normes (la référence réglementaire)

Le calcul de la production d'entropie est au cœur de l'analyse de la "seconde loi" (ou analyse exergétique) des systèmes, une méthode d'ingénierie avancée pour évaluer l'efficacité thermodynamique. Des normes comme l'ASME PTC 46 décrivent les procédures pour les bilans de performance des cycles thermodynamiques, qui incluent implicitement l'analyse des sources d'irréversibilité.

Formule(s) (l'outil mathématique)

La production d'entropie par unité de volume, \(\sigma_S\), est liée à la variation d'énergie libre volumique :

\[ \sigma_S = -\frac{\Delta G_v}{T} \]
Hypothèses (le cadre du calcul)

On suppose que la solidification se produit de manière isotherme à la température de surfusion \(T\). C'est une idéalisation ; en réalité, la libération de chaleur latente tend à réchauffer localement l'interface solide-liquide.

Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • \(\Delta G_v \approx -1.121 \times 10^7 \, \text{J} \cdot \text{m}^{-3}\) (du calcul Q1)
  • \(T = 263.15 \, \text{K}\)
Astuces(Pour aller plus vite)

En utilisant l'approximation pour \(\Delta G_v\) de la question 1, on peut écrire directement : \(\sigma_S \approx -\frac{\Delta H_f \rho_{\text{solide}}}{T_f T} (T_f - T)\). Cela montre que la production d'entropie est, en première approximation, proportionnelle à la surfusion \(\Delta T\).

Schéma (Avant les calculs)
Irréversibilité et Entropie
État Métastable (Liquide)Processus SpontanéÉtat Stable (Solide)S_produite > 0 ?
Calcul(s) (l'application numérique)
\[ \begin{aligned} \sigma_S &= -\frac{-1.121 \times 10^7 \, \text{J} \cdot \text{m}^{-3}}{263.15 \, \text{K}} \\ &\approx 42600 \, \text{J} \cdot \text{K}^{-1} \cdot \text{m}^{-3} \\ &= 42.6 \, \text{kJ} \cdot \text{K}^{-1} \cdot \text{m}^{-3} \end{aligned} \]
Schéma (Après les calculs)
Production d'Entropie par Volume
σ_S ≈ +42.6 kJ·K⁻¹·m⁻³(pour 1m³ solidifié)
Réflexions (l'interprétation du résultat)

La solidification d'un mètre cube d'eau à -10°C produit 42.6 kJ/K d'entropie. C'est une quantité considérable, qui reflète la forte irréversibilité du processus. Cette entropie est "créée" et dispersée dans l'univers, marquant le passage irréversible du temps.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

Il est essentiel de ne pas confondre la variation d'entropie de la substance elle-même (qui est négative, car elle s'ordonne) avec la production totale d'entropie (qui est positive). La production d'entropie prend en compte la chaleur libérée et son effet sur l'environnement (ou le reste du système).

Points à retenir (permettre a l'apprenant de maitriser la question)
  • Toute transition de phase spontanée (irréversible) produit de l'entropie.
  • La production d'entropie est directement liée à la variation d'énergie libre : \(\sigma_S = -\Delta G_v / T\).
  • Cette production d'entropie est la signature thermodynamique de la flèche du temps.
Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)

La fabrication du verre est un exemple de "frustration" de la cristallisation. En refroidissant un liquide (comme la silice fondue) très rapidement, on ne laisse pas le temps aux atomes de s'arranger en un réseau cristallin ordonné. Le système est "figé" dans un état désordonné de liquide à très haute viscosité : c'est l'état vitreux, un solide amorphe.

FAQ (pour lever les doutes)
Résultat Final (la conclusion chiffrée)
La production d'entropie par unité de volume est \(\sigma_S \approx 42.6 \, \text{kJ} \cdot \text{K}^{-1} \cdot \text{m}^{-3}\).
A vous de jouer(pour verifier la comprehension de l'etudiant parrapport a la question)

Si la solidification avait lieu à une température plus proche de \(T_f\), la production d'entropie serait-elle plus grande ou plus petite ?


Outil Interactif : Barrière de Nucléation

Modifiez la température de surfusion pour voir son effet sur la barrière d'énergie et le rayon critique.

Paramètres d'Entrée
263.15 K
0.072 J/m²
Résultats Clés
Surfusion \(\Delta T\) (K) -
Rayon Critique \(r^*\) (nm) -
Barrière d'Énergie \(\Delta G^*\) (x 10⁻¹⁷ J) -

Le Saviez-Vous ?

Le physicien et chimiste américain Josiah Willard Gibbs (1839-1903) est l'un des pères fondateurs de la thermodynamique chimique. Il a introduit les concepts d'enthalpie et d'énergie libre (aujourd'hui appelée énergie libre de Gibbs en son honneur), ainsi que la célèbre "règle des phases". Ses travaux, publiés dans une revue peu connue, sont restés largement ignorés pendant des années avant que leur importance fondamentale ne soit reconnue.


Foire Aux Questions (FAQ)

Que se passe-t-il si le germe n'est pas sphérique ?

La forme d'un cristal est dictée par la minimisation de son énergie de surface totale. Si l'énergie d'interface \(\gamma_{sl}\) est différente pour différentes faces cristallines (ce qui est généralement le cas), le cristal adoptera une forme polyédrique (comme un flocon de neige hexagonal) plutôt qu'une sphère. Le calcul devient plus complexe, mais le principe d'une compétition entre un terme de volume et un terme de surface reste le même.

Cette théorie prédit-elle la vitesse de croissance du cristal ?

Non. La théorie classique de la nucléation est purement thermodynamique ; elle nous dit si un noyau *peut* se former et être stable, mais pas à quelle *vitesse*. La vitesse de croissance est un problème de cinétique, qui dépend de la vitesse à laquelle les molécules peuvent diffuser à travers le liquide, s'attacher à l'interface et dissiper la chaleur latente libérée.


Quiz Final : Testez vos connaissances

1. Si l'énergie d'interface solide-liquide (\(\gamma_{sl}\)) était plus élevée, la barrière d'énergie \(\Delta G^*\) serait...

2. La solidification d'un liquide surfondu est un processus qui...


Énergie Libre de Gibbs (G)
Potentiel thermodynamique qui mesure le "travail utile" maximal qui peut être extrait d'un système fermé à température et pression constantes. Un processus spontané correspond toujours à une diminution de G.
Nucléation
La première étape d'une transition de phase, consistant en la formation de petits germes stables de la nouvelle phase. Elle est gouvernée par une barrière d'énergie due à la création d'une interface.
Surfusion
État métastable d'un liquide refroidi en dessous de sa température de fusion sans se solidifier. Cet état est la condition nécessaire à la nucléation et à la croissance cristalline.
Thermodynamique de la Croissance Cristalline

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