ÉTUDE THERMODYNAMIQUE

Démonstration de la Relation de Sackur-Tetrode

Démonstration de la Relation de Sackur-Tetrode pour l'Entropie

Démonstration de la Relation de Sackur-Tetrode pour l'Entropie

Contexte : Comment relier le monde microscopique au monde macroscopique ?

L'entropie est une notion centrale en thermodynamique, mesurant le désordre d'un système. La thermodynamique classique la définit via des échanges de chaleur, mais ne donne pas sa valeur absolue. La thermodynamique statistique, elle, relie l'entropie au nombre de micro-états (\(W\)) accessibles au système via la célèbre formule de Boltzmann, \(S = k_B \ln W\). L'équation de Sackur-Tetrode est l'un des plus grands succès de cette approche : elle fournit une expression explicite et absolue de l'entropie pour un gaz parfait monoatomique, en se basant uniquement sur des grandeurs microscopiques (masse de la particule) et macroscopiques (volume, température, nombre de particules).

Remarque Pédagogique : Cet exercice est une démonstration guidée. Nous allons construire pas à pas l'équation de Sackur-Tetrode en partant des fondements de la thermodynamique statistique. Chaque étape vous fera manipuler des concepts clés comme la fonction de partition, l'indiscernabilité des particules et l'approximation de Stirling, pour aboutir à une des plus belles équations de la physique.


Objectifs Pédagogiques

  • Comprendre le rôle central de la fonction de partitionFonction fondamentale en thermodynamique statistique qui décrit les propriétés statistiques d'un système à l'équilibre thermique. Elle contient toute l'information thermodynamique du système. canonique (\(Z\)).
  • Calculer la fonction de partition de translation pour une particule dans une boîte.
  • Appliquer la correction de Gibbs pour l'indiscernabilité des particules.
  • Utiliser l'approximation de Stirling pour de grands nombres.
  • Démontrer comment dériver toutes les grandeurs thermodynamiques (énergie libre, entropie, pression...) à partir de la fonction de partition.

Données de l'étude

On considère un système de \(N\) particules identiques et indiscernables, sans interaction, formant un gaz parfait monoatomique. Le gaz est contenu dans un volume \(V\) à une température \(T\).

Modèle du Gaz Parfait Monoatomique

Objectif : Démontrer l'équation de Sackur-Tetrode pour l'entropie \(S\) de ce système.


Questions à traiter

  1. Exprimer la fonction de partition canonique \(Z(N,V,T)\) pour ce système de \(N\) particules indiscernables en fonction de la fonction de partition d'une seule particule, \(z(V,T)\).
  2. Calculer la fonction de partition de translation pour une seule particule, \(z_{\text{trans}}\), en approximant la somme sur les états quantiques par une intégrale.
  3. Combiner les résultats pour obtenir l'expression complète de \(Z(N,V,T)\). Utiliser l'approximation de Stirling.
  4. Calculer l'énergie libre de Helmholtz, \(A(N,V,T)\), à partir de \(Z\).
  5. Dériver l'expression de l'entropie, \(S(N,V,T)\), à partir de l'énergie libre.

Correction : Démonstration de la Relation de Sackur-Tetrode pour l'Entropie

Question 1 : Fonction de Partition pour N Particules Indiscernables

Principe (le concept physique)
Particules Indiscernables A B B A (Si discernables) = (Si indiscernables)

Pour des particules indépendantes, la fonction de partition du système serait simplement le produit des fonctions de partition individuelles, \(z^N\). Cependant, les particules d'un gaz sont indiscernables : échanger deux particules ne crée pas un nouvel état physique. Le calcul \(z^N\) sur-estime massivement le nombre d'états distincts car il traite chaque permutation des particules comme un état différent. Il faut donc corriger ce sur-comptage.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

Cette correction est connue sous le nom de "paradoxe de Gibbs". Si on ne corrige pas pour l'indiscernabilité, on obtient une entropie qui n'est pas extensive (elle ne double pas quand on double la taille du système), ce qui est une violation d'un principe fondamental de la thermodynamique. La division par \(N!\) (le nombre de permutations de N objets) résout ce paradoxe et est une conséquence profonde de la mécanique quantique, bien qu'elle soit souvent introduite de manière semi-classique.

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Point Clé : Retenez cette règle fondamentale : pour un système de N particules identiques et indépendantes en limite classique (haute température, faible densité), la fonction de partition du système \(Z\) est reliée à la fonction de partition d'une seule particule \(z\) par \(Z = z^N / N!\).

Normes (la référence réglementaire)

Le concept d'indiscernabilité est un postulat fondamental de la mécanique quantique. Les particules sont classées en bosons (statistique de Bose-Einstein) et fermions (statistique de Fermi-Dirac). L'approche corrigée par \(N!\) est la limite à haute température de ces deux statistiques, connue sous le nom de statistique de Maxwell-Boltzmann.

Hypothèses (le cadre du calcul)

On se place dans la limite de la statistique de Maxwell-Boltzmann, ce qui est valable lorsque le nombre d'états quantiques accessibles est bien plus grand que le nombre de particules. C'est le cas pour un gaz à des températures et volumes usuels (limite non-dégénérée).

Formule(s) (l'outil mathématique)

Fonction de partition pour N particules indiscernables :

\[ Z(N,V,T) = \frac{[z(V,T)]^N}{N!} \]
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • Nombre de particules : \(N\)
  • Fonction de partition d'une particule : \(z(V,T)\)
Calcul(s) (l'application numérique)

Cette étape est une application directe de la formule, il n'y a pas de calcul numérique à ce stade.

Réflexions (l'interprétation du résultat)

Cette expression est le point de départ de toute la thermodynamique statistique des gaz parfaits. Elle sépare le problème en deux parties : calculer la fonction de partition pour une seule particule (\(z\)), puis généraliser à \(N\) particules en appliquant la correction d'indiscernabilité.

Justifications (le pourquoi de cette étape)

Sans cette première étape, il est impossible de continuer. La fonction de partition \(Z\) est la porte d'entrée vers toutes les grandeurs thermodynamiques. Établir sa forme correcte est donc la fondation de toute la démonstration.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

L'erreur la plus grave serait d'oublier le facteur \(1/N!\). Cela conduit à des résultats physiquement incorrects (entropie non-extensive) et au paradoxe de Gibbs.

Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
Résultat Final : La fonction de partition canonique est \(Z = z^N / N!\).

À vous de jouer !

Question 2 : Calcul de la Fonction de Partition de Translation \(z_{\text{trans}}\)

Principe (le concept physique)
Niveaux d'Énergie dans une Boîte ... n=1 n=2 n=3 n=4 On somme les "poids" de Boltzmann de tous les états accessibles.

La fonction de partition d'une particule, \(z\), est la somme des facteurs de Boltzmann (\(e^{-\beta E_i}\), où \(\beta = 1/k_B T\)) sur tous les états quantiques \(i\) accessibles à cette particule. Pour une particule dans une boîte de volume \(V\), les niveaux d'énergie de translation sont quantifiés. Cependant, pour une boîte macroscopique, ces niveaux sont si rapprochés qu'on peut remplacer la somme discrète par une intégrale sur toutes les positions et impulsions possibles (l'espace des phases).

Mini-Cours (approfondissement théorique)

Le modèle de la "particule dans une boîte" est un problème fondamental de la mécanique quantique. Il montre que le confinement d'une particule dans un volume \(V = L_x L_y L_z\) conduit à la quantification de son énergie. Les niveaux d'énergie sont donnés par \(E_{n_x,n_y,n_z} = \frac{h^2}{8mV^{2/3}}(n_x^2+n_y^2+n_z^2)\), où les \(n_i\) sont des entiers positifs. Le passage de la somme à l'intégrale est une excellente approximation dans la limite classique (haute T), où de très nombreux niveaux d'énergie sont peuplés.

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Point Clé : L'intégrale de la fonction de partition se sépare en une intégrale sur les positions (qui donne simplement le volume \(V\)) et une intégrale sur les impulsions. Cette dernière est une intégrale gaussienne, une forme très courante en physique statistique, dont le résultat est à connaître : \(\int_{-\infty}^{\infty} e^{-ax^2} dx = \sqrt{\pi/a}\).

Normes (la référence réglementaire)

La constante de Planck, \(h\), est une constante fondamentale de la nature qui apparaît dans toutes les équations de la mécanique quantique. Elle représente le "quantum d'action" et sa valeur est fixée par convention internationale pour définir le kilogramme.

Hypothèses (le cadre du calcul)

On suppose que le gaz est monoatomique, donc seuls les degrés de liberté de translation sont pertinents. On se place dans la limite où les niveaux d'énergie sont suffisamment proches pour être traités comme un continuum, ce qui justifie le remplacement de la somme par une intégrale.

Formule(s) (l'outil mathématique)

Fonction de partition de translation (forme intégrale) :

\[ z_{\text{trans}} = \frac{1}{h^3} \int e^{-\beta p^2/2m} d^3\mathbf{r} \, d^3\mathbf{p} \]
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • Volume : \(V\)
  • Température : \(T\)
  • Masse de la particule : \(m\)
  • Constantes : \(h\), \(k_B\)
Calcul(s) (l'application numérique)
\[ \begin{aligned} z_{\text{trans}} &= \frac{1}{h^3} \left( \int d^3\mathbf{r} \right) \left( \int e^{-\beta(p_x^2+p_y^2+p_z^2)/2m} dp_x dp_y dp_z \right) \\ &= \frac{V}{h^3} \left( \int_{-\infty}^{\infty} e^{-\beta p_x^2/2m} dp_x \right)^3 \\ &= \frac{V}{h^3} \left( \sqrt{\frac{2\pi m}{\beta}} \right)^3 \\ &= V \left( \frac{2\pi m k_B T}{h^2} \right)^{3/2} \end{aligned} \]
Réflexions (l'interprétation du résultat)

Le résultat est souvent écrit \(z_{\text{trans}} = V / \Lambda^3\), où \(\Lambda = h/\sqrt{2\pi m k_B T}\) est la longueur d'onde thermique de de Broglie. Physiquement, \(z_{\text{trans}}\) représente le nombre d'états de translation accessibles à la particule. Il est proportionnel au volume de la boîte divisé par un "volume quantique" \(\Lambda^3\).

Justifications (le pourquoi de cette étape)

Le calcul de la fonction de partition d'une seule particule est le bloc de construction essentiel. Une fois que nous avons \(z\), le passage à \(Z\) pour \(N\) particules est une étape conceptuelle (Question 1) et mathématique (Question 3).

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

Ne pas oublier le facteur \(1/h^3\) lors de l'intégration sur l'espace des phases. Il assure que \(z\) est sans dimension et représente le nombre d'états. Oublier l'exposant 3/2 est aussi une erreur fréquente.

Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
Résultat Final : La fonction de partition de translation est \(z_{\text{trans}} = V \left( \frac{2\pi m k_B T}{h^2} \right)^{3/2}\).

À vous de jouer !

Question 3 : Expression de Z et Approximation de Stirling

Principe (le concept physique)

Maintenant que nous avons les deux briques (\(Z = z^N/N!\) et \(z_{\text{trans}}\)), nous les assemblons. Nous obtenons une expression pour \(Z\) qui contient un terme \(N!\), impossible à manipuler directement pour \(N \sim 10^{23}\). Pour rendre l'expression utilisable, nous passons au logarithme et utilisons l'approximation de Stirling pour simplifier \(\ln(N!)\).

Mini-Cours (approfondissement théorique)

L'approximation de Stirling, \(\ln(N!) \approx N \ln N - N\), est une formule asymptotique. Son erreur relative devient de plus en plus faible à mesure que N augmente. Pour les nombres de l'ordre du nombre d'Avogadro, elle est d'une précision phénoménale, rendant son utilisation en thermodynamique statistique non seulement pratique mais aussi extrêmement juste.

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Point Clé : La plupart des calculs en thermodynamique statistique se font sur le logarithme de la fonction de partition (\(\ln Z\)) plutôt que sur \(Z\) elle-même. C'est parce que les grandeurs thermodynamiques comme l'entropie, l'énergie et la pression sont liées à des dérivées de \(\ln Z\), et que le logarithme transforme les produits en sommes, ce qui simplifie grandement les calculs.

Normes (la référence réglementaire)

L'approximation de Stirling est un résultat standard de l'analyse mathématique. Des formes plus précises existent (par exemple, \(\ln N! \approx N \ln N - N + \frac{1}{2}\ln(2\pi N)\)), mais pour les besoins de la thermodynamique, la forme simple est largement suffisante.

Hypothèses (le cadre du calcul)

L'hypothèse cruciale ici est que \(N\) est un très grand nombre, ce qui est toujours le cas pour un système macroscopique contenant un nombre de particules de l'ordre du nombre d'Avogadro.

Formule(s) (l'outil mathématique)

Logarithme de la fonction de partition et approximation de Stirling :

\[ \ln Z = N \ln z - \ln(N!) \quad \text{avec} \quad \ln(N!) \approx N \ln N - N \]
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • Expression de \(z_{\text{trans}}\) de la question 2.
Calcul(s) (l'application numérique)
\[ \begin{aligned} \ln Z &= N \ln \left[ V \left( \frac{2\pi m k_B T}{h^2} \right)^{3/2} \right] - (N \ln N - N) \\ &= N \ln V + N \ln\left[ \left( \frac{2\pi m k_B T}{h^2} \right)^{3/2} \right] - N \ln N + N \\ &= N \left( \ln\left[\frac{V}{N}\right] + \ln\left[ \left( \frac{2\pi m k_B T}{h^2} \right)^{3/2} \right] + 1 \right) \\ &= N \left( \ln\left[\frac{V}{N} \left( \frac{2\pi m k_B T}{h^2} \right)^{3/2} \right] + 1 \right) \end{aligned} \]
Réflexions (l'interprétation du résultat)

Nous avons maintenant une expression maniable pour \(\ln Z\). On remarque l'apparition du terme \(V/N\), le volume par particule. C'est grâce à l'approximation de Stirling (et au facteur \(1/N!\)) que ce terme apparaît, ce qui assurera que l'entropie finale sera une grandeur extensive.

Justifications (le pourquoi de cette étape)

Cette étape est purement mathématique mais absolument essentielle. Elle transforme une expression formelle et inutilisable (\(Z\)) en une expression analytique (\(\ln Z\)) que l'on pourra dériver dans les prochaines étapes pour obtenir des grandeurs physiques mesurables.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

Attention aux manipulations des logarithmes. Une erreur courante est de mal combiner les termes, par exemple en oubliant que \(\ln A - \ln B = \ln(A/B)\), ce qui est crucial pour regrouper \(V\) et \(N\).

Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
Résultat Final : \(\ln Z = N \left( \ln\left[\frac{V}{N} \left( \frac{2\pi m k_B T}{h^2} \right)^{3/2} \right] + 1 \right)\).

À vous de jouer !

Question 4 : Calcul de l'Énergie Libre de Helmholtz A

Principe (le concept physique)
Le Pont Micro ➔ Macro Microscopique Z Macroscopique A, S, P, U... A = -k_B T ln(Z)

L'énergie libre de Helmholtz, \(A\), est le potentiel thermodynamique naturel pour un système à nombre de particules, volume et température constants (l'ensemble canonique). La thermodynamique statistique fournit un pont direct et fondamental entre le monde microscopique (résumé par \(Z\)) et la thermodynamique macroscopique via la relation \(A = -k_B T \ln Z\).

Mini-Cours (approfondissement théorique)

L'énergie libre \(A = U - TS\) représente le travail maximal qu'un système peut fournir lors d'une transformation isotherme. La relation \(A = -k_B T \ln Z\) est l'une des équations les plus importantes de la physique statistique. Elle montre que la fonction de partition n'est pas juste un outil de comptage, mais qu'elle est directement proportionnelle à l'exponentielle de l'énergie libre, contenant ainsi toute l'information thermodynamique du système.

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Point Clé : Une fois que vous avez \(\ln Z\), le passage à \(A\) est une simple multiplication. C'est la première grandeur thermodynamique que l'on calcule, car toutes les autres (S, P, U, ...) peuvent être obtenues par dérivation de A.

Normes (la référence réglementaire)

Les relations entre les potentiels thermodynamiques (comme \(A\)) et leurs variables naturelles (ici N, V, T) sont des piliers de la thermodynamique formelle, établis bien avant la justification par la mécanique statistique. La mécanique statistique a permis de donner une interprétation microscopique à ces grandeurs.

Hypothèses (le cadre du calcul)

Le calcul suppose que le système est à l'équilibre thermique avec un réservoir à température T, ce qui est la définition même de l'ensemble canonique pour lequel la relation \(A = -k_B T \ln Z\) est valable.

Formule(s) (l'outil mathématique)

Relation fondamentale entre A et Z :

\[ A(N,V,T) = -k_B T \ln Z(N,V,T) \]
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • Expression de \(\ln Z\) de la question 3.
Calcul(s) (l'application numérique)
\[ \begin{aligned} A &= -k_B T \left[ N \left( \ln\left[\frac{V}{N} \left( \frac{2\pi m k_B T}{h^2} \right)^{3/2} \right] + 1 \right) \right] \\ &= -N k_B T \left( \ln\left[\frac{V}{N} \left( \frac{2\pi m k_B T}{h^2} \right)^{3/2} \right] + 1 \right) \end{aligned} \]
Réflexions (l'interprétation du résultat)

Nous avons maintenant une expression explicite pour une grandeur macroscopique, l'énergie libre, en fonction des paramètres du système. On peut vérifier qu'elle est bien extensive : si on double N et V, A double également (car le rapport V/N reste constant dans le logarithme).

Justifications (le pourquoi de cette étape)

Cette étape est le pont nécessaire pour passer du monde statistique au monde thermodynamique. L'énergie libre A est le potentiel dont les dérivées nous donneront l'entropie (par rapport à T) et la pression (par rapport à V), qui sont les grandeurs qui nous intéressent le plus souvent en pratique.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

Le signe moins dans la formule est crucial et facile à oublier. De plus, il faut bien distinguer \(k_B\) (constante de Boltzmann, par particule) et \(R\) (constante des gaz parfaits, par mole), avec \(R = N_A k_B\).

Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
Résultat Final : \(A = -N k_B T \left( \ln\left[\frac{V}{N} \left( \frac{2\pi m k_B T}{h^2} \right)^{3/2} \right] + 1 \right)\).

À vous de jouer !

Question 5 : Dérivation de l'Entropie S

Principe (le concept physique)
Dériver pour Révéler l'Entropie A(T) \(S = -(\frac{\partial A}{\partial T})_V\) S

En thermodynamique, les potentiels sont reliés à d'autres grandeurs par leurs dérivées. L'entropie \(S\) est spécifiquement liée à la manière dont l'énergie libre \(A\) change avec la température à volume constant. En calculant la dérivée partielle \( -(\partial A / \partial T)_{V,N} \), nous isolons le terme entropique et nous obtenons l'expression finale de l'entropie du système.

Mini-Cours (approfondissement théorique)

La relation \(S = -(\partial A / \partial T)_{V,N}\) vient de la différentielle totale de A : \(dA = d(U-TS) = dU - TdS - SdT\). En utilisant le premier principe \(dU = \delta Q + \delta W = TdS - PdV\), on obtient \(dA = (TdS - PdV) - TdS - SdT = -SdT - PdV\). Par identification, on voit bien que le coefficient devant \(dT\) est \(-S\).

Remarque Pédagogique (le conseil du professeur)

Point Clé : La dérivation peut sembler intimidante, mais il faut la faire méthodiquement. Séparez l'expression de A en termes constants (par rapport à T) et en termes dépendant de T. Appliquez la règle de dérivation du produit \((uv)' = u'v + uv'\) et la règle de dérivation du logarithme \((\ln x)' = 1/x\).

Normes (la référence réglementaire)

Les relations de Maxwell, qui relient les dérivées partielles des grandeurs thermodynamiques, sont des identités mathématiques fondamentales en thermodynamique. \(S = -(\partial A / \partial T)_{V,N}\) est l'une des plus directes et des plus utilisées.

Hypothèses (le cadre du calcul)

Le calcul de la dérivée suppose que la fonction A est continue et différentiable par rapport à T, ce qui est le cas pour un gaz parfait loin de toute transition de phase.

Formule(s) (l'outil mathématique)

Relation thermodynamique pour l'entropie :

\[ S = -\left(\frac{\partial A}{\partial T}\right)_{V,N} \]
Donnée(s) (les chiffres d'entrée)
  • Expression de \(A(N,V,T)\) de la question 4.
Calcul(s) (l'application numérique)

On part de \(A = -N k_B T \left( \ln\left[\frac{V}{N} \left( \frac{2\pi m k_B T}{h^2} \right)^{3/2} \right] + 1 \right)\) et on dérive :

\[ \begin{aligned} S &= -\frac{\partial}{\partial T} \left[ -N k_B T \left( \ln\left(\frac{V}{N}(\dots)^{3/2}\right) + \frac{3}{2}\ln T + 1 \right) \right] \\ &= N k_B \frac{\partial}{\partial T} \left[ T \left( \text{constante} + \frac{3}{2}\ln T + 1 \right) \right] \\ &= N k_B \left[ (1) \cdot \left( \text{constante} + \frac{3}{2}\ln T + 1 \right) + T \cdot \left( \frac{3}{2T} \right) \right] \\ &= N k_B \left[ \ln\left(\frac{V}{N}(\dots)^{3/2}\right) + \frac{3}{2}\ln T + 1 + \frac{3}{2} \right] \\ &= N k_B \left[ \ln\left(\frac{V}{N} \left( \frac{2\pi m k_B T}{h^2} \right)^{3/2} \right) + \frac{5}{2} \right] \end{aligned} \]
Réflexions (l'interprétation du résultat)

C'est l'équation de Sackur-Tetrode. Elle exprime l'entropie absolue d'un gaz parfait monoatomique. On voit qu'elle dépend du volume, de la température et de la masse des particules. Elle est correctement extensive (proportionnelle à N) et satisfait les lois de la thermodynamique classique (par exemple, pour une expansion isotherme, \(\Delta S = N k_B \ln(V_f/V_i)\)).

Justifications (le pourquoi de cette étape)

Cette étape finale est l'aboutissement de la démonstration, atteignant l'objectif principal de l'exercice. Elle illustre la puissance de la thermodynamique statistique : partir d'un modèle microscopique (particules dans une boîte) pour aboutir à une formule prédictive pour une grandeur macroscopique mesurable.

Points de vigilance (les erreurs à éviter)

La dérivation est le point le plus technique. Il est facile de se tromper en appliquant la règle du produit ou en dérivant le logarithme. Il est conseillé de décomposer le terme \(\ln(C \cdot T^{3/2})\) en \(\ln C + \frac{3}{2}\ln T\) avant de dériver pour éviter les erreurs.

Le saviez-vous ? (la culture de l'ingénieur)
Résultat Final : \(S = N k_B \left[ \ln\left(\frac{V}{N} \left( \frac{2\pi m k_B T}{h^2} \right)^{3/2} \right) + \frac{5}{2} \right]\).

À vous de jouer !


Outil Interactif : Calculateur d'Entropie (Sackur-Tetrode)

Modifiez les paramètres pour voir leur influence sur l'entropie molaire.

Paramètres du Gaz
Résultats
Longueur d'onde \(\Lambda\) (pm) -
Entropie S_m : -

Pour Aller Plus Loin : Au-delà du Gaz Parfait Monoatomique

Autres contributions : Pour des molécules plus complexes, la fonction de partition totale est le produit des fonctions de partition de chaque degré de liberté : \(z_{\text{tot}} = z_{\text{trans}} \times z_{\text{rot}} \times z_{\text{vib}} \times z_{\text{elec}}\). L'entropie totale est alors la somme des entropies de chaque contribution. L'équation de Sackur-Tetrode ne représente que la partie translationnelle, qui est souvent la plus importante en magnitude.


Le Saviez-Vous ?

L'équation a été développée indépendamment par Hugo Tetrode et Otto Sackur en 1912. Tragiquement, Otto Sackur est décédé en 1914 dans une explosion de laboratoire alors qu'il expérimentait avec du cacodyl, un composé organo-arsénique. Son travail sur l'entropie a néanmoins été une pierre angulaire pour valider l'hypothèse quantique.


Foire Aux Questions (FAQ)

Pourquoi l'entropie dépend-elle de la masse des particules ?

La masse intervient dans les niveaux d'énergie de translation (\(E \propto 1/m\)). Des particules plus lourdes ont des niveaux d'énergie plus resserrés. Pour une même énergie thermique totale, un plus grand nombre de niveaux sont accessibles, ce qui augmente le nombre de micro-états \(W\) et donc l'entropie \(S\).

L'équation de Sackur-Tetrode respecte-t-elle le troisième principe de la thermodynamique ?

Non, pas tout à fait. Si on fait tendre \(T \rightarrow 0\), le terme \(\ln T\) dans l'équation diverge vers \(-\infty\), ce qui n'a pas de sens physique. C'est parce que l'approximation de la somme par une intégrale et la statistique de Maxwell-Boltzmann ne sont plus valables à très basse température, où les effets quantiques dominent complètement. Des traitements plus rigoureux montrent que l'entropie tend bien vers zéro à T=0.


Quiz Final : Testez vos connaissances

1. Selon l'équation de Sackur-Tetrode, si on double le volume d'un gaz parfait monoatomique à température constante, son entropie molaire :

2. Le facteur \(1/N!\) dans la fonction de partition est crucial car il :


Fonction de Partition Canonique (Z)
Somme des facteurs de Boltzmann sur tous les micro-états d'un système à (N, V, T) constants. Elle est le pont entre la mécanique statistique et la thermodynamique macroscopique via l'énergie libre de Helmholtz \(A = -k_B T \ln Z\).
Indiscernabilité
Principe de la mécanique quantique selon lequel des particules identiques (ex: deux électrons) ne peuvent être distinguées l'une de l'autre. Échanger deux particules ne produit pas un nouvel état physique.
Approximation de Stirling
Formule mathématique utilisée pour approximer la factorielle d'un grand nombre : \(\ln(N!) \approx N \ln N - N\).
Longueur d'Onde Thermique de de Broglie (\(\Lambda\))
Longueur d'onde typique associée à une particule d'un gaz à une température T. Elle mesure l'"étalement" quantique de la particule.
Fondamentaux de la Thermodynamique Statistique : L'Entropie

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